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Au Maroc, vol spécial pour des centaines d´Africains expulsés publicado por: Association de la Presse Equatoriale Guinea el 13/10/2005 0:40:01 CET
Au Maroc, vol spécial pour des centaines d´Africains expulsés
LE MONDE | 11.10.05 | 14h07 • Mis à jour le 11.10.05 | 14h07 OUJDA (Maroc) de notre envoyé spécial
Beaucoup n´avaient encore jamais pris l´avion de leur vie. Ils ont reçu leur baptême de l´air, lundi matin 10 octobre, sans l´avoir demandé. Sénégalais de naissance, immigrés clandestins par nécessité, rejetés par les Espagnols à Ceuta et à Melilla, raflés par les Marocains un peu partout dans le royaume, ils ont été renvoyés dans leur pays natal. Ils rêvaient de l´Europe : ils ont retrouvé leur point de départ. Le vol Oujda-Dakar de la Royal Air Maroc (RAM), avec ses quelque 140 passagers, était un vol spécial. Non pas tant parce qu´il n´était pas affiché dans l´aérogare que par l´ironie involontaire qui s´en dégageait. En première classe, pas d´hommes d´affaires ni d´ordinateurs portables, mais des Sénégalais aux vêtements défraîchis tenant une couverture ”offerte par le Maroc” . Et, pour les accompagner durant le vol, une escouade de policiers en civil, de solides gaillards membres du service des voyages officiels dépêchés de Rabat, la capitale. ”Il y a quelques jours, j´étais ici même avec Dominique de Villepin, votre premier ministre”, observait l´un de ces policiers. Les choses ont été faites dans l´ordre. Avant de monter à bord du Boeing de la RAM, les Sénégalais ont eu droit à une fouille corporelle tandis que leurs maigres bagages passaient dans un scanner. Imaginait-on qu´ils pouvaient dissimuler un couteau et tenter de détourner l´appareil vers l´Europe ? Les visages des expulsés étaient fermés. Certains cachaient leur visage sous un pan de chemise. ”Dieu seul sait ce que je vais devenir”, confiait celui qui, à 41 ans, semblait être le plus âgé du groupe. ”L´aventure est finie. Cela a été dur”, marmonnait le cadet, âgé de 17 ans. ”N´oubliez pas qu´il y a des morts dans le désert du Sahara”, lançait un troisième à des journalistes, faisant allusion à l´abandon de centaines d´Africains subsahariens dans le désert avant que les réactions de la communauté internationale ne poussent Rabat à faire machine arrière, il y a quelques jours. Un peu à l´écart de la file des Sénégalais en passe d´embarquer, le préfet de la région, Mohammed Brahimi, faisait ses calculs : ”La facture est lourde pour le ”pauvre Maroc”. Les opérations de rapatriement vont coûter à l´Etat 120 millions d´euros”, faisait-il valoir. ”C´est trois fois ce que l´Union européenne s´est engagée à nous verser en 2004 pour améliorer le contrôle de nos frontières et qu´elle n´a toujours pas donné”, ajoutait un fonctionnaire. CONVOI D´AUTOCARS De fait, d´autres vols sont programmés par la RAM. Un second, lundi soir, à destination encore de Dakar, et trois autres, le lendemain, avec le Sénégal et le Mali comme destination. Un avion de grande capacité un Boeing 747 a été réquisitionné pour l´occasion. Au total, ce sont 1 200 Africains originaires du sud du Sahara qui vont être renvoyés du royaume au cours des prochains jours. Tous ne quitteront pas le Maroc par la voie des airs. Malgré les démentis officiels du Maroc, un convoi d´autocars encadrés par la police et ayant à leur bord des centaines de Subsahariens de diverses nationalités dont des femmes a pris la route en direction du Sahara-Occidental. ”On ne sait pas où ils nous amènent. Même le chauffeur du bus ignore la destination”, disait l´un des passagers.
Jean-Pierre Tuquoi Article paru dans l´édition du 12.10.05
Fuente: LE MONDE
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