PDGE: Les années passent mais rien ne change - 8/7/2006
Mêmes slogans, même culte de la personnalité, mêmes discours et même résultat: la réélection sans surprise du président-fondateur Teodoro Obiang Nguema. Les années passent mais les congrès du Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE) ne changent pas.
Entamé mercredi par un discours fleuve du chef de l’Etat équato-guinéen, le 4e congrès du parti au pouvoir s’est achevé tard vendredi soir devant 3.000 militants forcément enthousiastes par une toute aussi longue harangue du même général Obiang, seul et unique héros des 3.000 militants réunis dans la capitale économique du pays Bata.
Investi candidat du PDGE pour l’élection présidentielle de 2009, Teodoro Obiang Nguema est partout. En pied et en costume noir sur la grande affiche posée à l’entrée du palais des congrès de la ville, en portrait sur les affiches qu’agitent les militants, en imprimé sur les pagnes des femmes chargées d’entretenir la ferveur de la salle.
Vendredi soir, le président équato-guinéen, 64 ans, qui règne d’une main de fer sur le pays depuis un coup d’Etat en 1979, était à la tribune pour clore les débats, encadré de banderoles célébrant, comme c’est l’habitude, la foi du parti et de son chef en la ”consolidation de la démocratie” et la ”continuité de la paix et du progrès”.
Comme à chaque congrès, il a pris pour cibles ceux qui ”complotent” pour ”déstabiliser le régime” et, surtout, ceux qui se permettent de dénoncer la situation d’un pays aujourd’hui troisième producteur de brut d’Afrique subsaharienne, mais dont l’immense majorité de son million d’habitants continue à vivre dans le plus extrême dénuement.
”Il existe une presse hostile, une presse dont le seul but est de faire du tapage en salissant l’image de la Guinée équatoriale et de son gouvernement”, a dénoncé vendredi le président Obiang.
”Ce sont des salariés, ils sont payés et c’est pour cela qu’ils disent des bêtises”, a-t-il raillé. ”Qui a donné l’autorité à la presse étrangère de se mêler des affaires des gouvernements étrangers ? La Guinée équatoriale ne se mêle pas des affaires des autres nations, c’est pourquoi je leur demande de nous laisser en paix”.
Après la presse, le numéro un équato-guinéen s’en est pris aux bailleurs de fonds internationaux. ”Aucun pays ou institution ne veut aider la Guinée équatoriale parce que nous sommes soi-disant riches. Mais personne ne nous a jamais aidés auparavant”, a-t-il constaté.
”Aujourd’hui, la divine providence nous a offert la chance (...) de pouvoir profiter de nos ressources naturelles”, a poursuivi Teodoro Obiang Nguema. ”Alors tous ceux-là veulent détourner notre attention pour spolier nos richesses (...) Ils nous parlent de corruption, de détournements d’argent, mais nous allons leur montrer nos capacités à changer le pays”, a-t-il promis sous les applaudissements nourris de son auditoire.
Dernier point, le chef de l’Etat de l’ancienne colonie espagnole a raillé ses adversaires politiques en exil, ces ”criminels sur lesquels pèsent des sanctions judiciaires”, a-t-il dit. Et pour montrer son ouverture, il a remercié ”l’opposition qui s’exprime en termes positifs”.
Un peu avant lui, un des dirigeants de l’opposition dite ”démocratique”, Modu Acusé, a longuement loué les mérites du président devant ses partisans ravis. ”Ici, personne ne peut lutter avec Obiang, toute la Guinée équatoriale est avec lui”, s’est-il notamment exclamé.
Avant de lâcher ce compliment lourd de sens. ”Le président est un homme bon (...) il nous donne à manger, et quelqu’un qui mange ne parle pas”...
Fuente: afriquecentrale