Par Manuel Ruben N’dongo, écrivain franco-africain, conseiller diplomatique en relations internationales et stratégiste politique.
---------------------------------
Depuis quelques jours, une polémique de très mauvais goût, à propos de la déclaration que Sa Sainteté le Pape Benoît XVI avait fait pendant son voyage en Afrique, ne cesse d’alimenter les rédactions des journaux qui, depuis l’élection du Cardinal Joseph Ratzinger à la magistrature suprême du Vatican, n’ont cessé de le vilipender en raison de ses positions « conservatrices » au sein de l’Église catholique romaine.

Que je sache, le Pape n’est pas là pour cautionner de quelque manière qu’il soit, de comportements pouvant présenter des risques de « chambardement » de l’édifice de la société humaine. Le Pape agit en tant que caution morale pour aider la société de responsabilité à progresser dans le respect du corps de la femme et de la personne humaine.

Or, on exige du Pape de tout et de n’importe quoi. Le Pape n’a rien à voir avec le comportement fou de tel ou tel individu qui décide de coucher avec sa fille ou sa sœur, au mépris des principes moraux !

Si nous, hommes et femmes de la société moderne, nous nous responsabilisions nous-mêmes dans nos actes pour donner un vrai sens à l’amour, peut-être que ces types de dérapages malheureux n’arriveraient pas. Peut-être que le Sida n’aurait jamais connu une telle ampleur de contaminations qu’on lui connaît aujourd’hui.
Mais voilà, l’homme est là, avec ses rêves et avec désirs y compris les plus immoraux qui les poussent d’aller de plus en plus loin au-delà des frontières du réelle.

On veut consommer le sexe comme s’il s’agissait d’une simple marchandise ; comme si on buvait un verre de bière, de pastis, de la limonade ou de Coca-Cola.
Ce n’est pas du sérieux s’agissant du corps humain. Car le corps humain dont il s’agit est pur de par la beauté de sa créature, et sain d’esprit de par ce qu’il représente ! Donc il est à manier avec beaucoup de délicatesse.

En matière des rapports d’actes d’amour, de par la maîtrise du corps, l’homme doit, et peut agir différemment pour ne pas provoquer des situations qui les poussent à ne plus savoir qui il est réellement.

Si je reprends, mot à mot, la déclaration du Pape, je la récite : « l’utilisation des préservatifs aggraverait le problème du Sida… en Afrique… »
À vrai dire, je ne comprends pas de quoi est faite cette polémique dénuée de sens. Soit, nous maîtrisons le sens des mots, dans ce cas, cette polémique n’a pas lieu d’être ; soit, nous ne sommes plus capables de donner un sens à l’usage des mots, dans ce cas, il peut se « justifier » que nous fassions « exprès » pour entretenir – dans cette affaire – l’haleine médiatique qui fait naître une polémique de la diversion.

Si j’emprunte au Petit Robert quelques synonymes qui dérivent du mot, « aggraver », fameuse phrase prononcée par le Pape, je découvre – entre autres – que les mots tels que : Alourdir, surcharger, fatiguer, compliquer, engrenage… etc., font partie de la famille du mot « aggraver ».
Or, que constatons-nous sur la situation des personnes contaminées par le virus HIV en Afrique ? Que la situation n’est pas aussi simple que les discours politiques qui s’émeuvent ici ou là de la déclaration du Pape. Ce n’est pas ces polémiques stériles entretenues par les médias qui apporteraient des solutions appropriées pour stopper la spirale de la contamination des populations africaines.

D’origine africaine, la situation de santé publique africaine me préoccupe au plus haut point, je ne voudrais pas que l’on s’emballe sur des polémiques infondées sans prendre soin d’étudier sur ce qui se passe réellement sur le terrain des contaminations en Afrique.

Au lieu de s’émouvoir par des tapages médiatiques, ceux qui vilipendent le Pape devraient aller à la rencontre des milliers des jeunes femmes africaines qui ont été contaminées lors des rapports sexuels qu’elles ont eus avec des partenaires masculins ayant utilisé les fameux préservatifs qui font tant des polémiques. À moins que ça ne soit, une fois de plus, l’affaire des gros sous.

On parle souvent de l’usage des préservatifs en Afrique sans pour autant engager les débats sur le fond du sujet. Saviez-vous combien des personnes utilisant les préservatifs ont été contaminées ?

Pourquoi l’omerta autour des statistiques des personnes contaminées suite à un rapport prétendument « protégé » par la capote ; et qu’est-ce qu’on attend pour rendre public ces statistiques, s’ils en existent ?

Qu’attendons-nous pour mener une enquête sur le sujet ? Où sont les instituts des sondages, et pourquoi ne font-ils pas d’enquêtes sur le sujet dans les milieux des femmes prostituées africaines et des associations qui s’occupent de ces femmes-là en Afrique ?

Pour en savoir un peu plus sur le sujet, il m’a suffis de décrocher le téléphone pour contacter les associations africaines qui s’occupent des femmes prostituées contaminées par le virus HIV pour obtenir ces quelques témoignages :

Témoignage I : j’étais de « sérologie négative », un jour j’ai fait l’amour avec un mec qui avait le préservatif, mais la violence du mec pendant la « séance d’amour » a fait pété le machin… trois mois plus tard, j’ai fait un test HIV et suis devenue « sérologie positive »…

Témoignage II : je ne comprends pas que je sois devenue « séropositive », j’étais vierge avant quand les proxénètes sont venus me prendre au village soi-disant, ils allaient m’offrir un bon travail en ville ; je portais tout le temps les préservatifs que l’association nous distribuait pour faire notre job, jamais fais ça sans capote. Mais un jour je tombe gravement malade et on me conduit à l’hôpital. Trois jours plus tard, l’infirmière m’annonce, qu’on a découvert que je suis atteinte du virus du SIDA…

Témoignage III : un jour, je reçois un touriste qui me propose un marché : vous faites l’amour avec moi avec préservatif, je vous paie 1 500 francs CFA (20 euros), et si vous acceptez de faire l’amour sans préservatif, là, je vous paie 33 000 francs CFA (50 euros). Attention ! je n’ai pas le SIDA… avait conclut-il mon client ; comme j’avais besoin de l’argent pour nourrir ma famille restée au village eh bien ! J’ai accepté… Hélas, cet homme m’a filé un méchant virus ; quelques mois après, je suis devenue « séropositive »… Voilà tout ! Vous comprenez cela, Monsieur ?

Hélas ! Cette liste de témoignages des jeunes filles désespérées et plongées aux frontières de la mort n’est pas exhaustive.
Je m’arrête là avec ces témoignages sordides ; je préfère ne pas étendre davantage sur le sujet ; cela me donne envie de rendre, le dégoût des situations et des faits racontés est tel que je me demande pourquoi faire polémique sur une déclaration de bon sens du Pape.

Comment ne pas donner raison à la déclaration du Pape quand les synonymes du Petit Robert, « bible » lexique de la langue de Montesquieu, nous enseignent que : « aggraver »…, c’est aussi, alourdir, surcharger, fatiguer, compliquer, engrenage… ? Celles qui témoignent chaque jour de par le monde avoir été contaminées malgré l’usage des capotes n’ont-elles pas vu leur situation sociale se « compliquer » et « s’alourdir » ; leur santé se « fatiguer » en raison des effets secondaires des antirétroviraux et de la nocivité du virus HIV et de ses effets destructeurs dans l’organisme humain ?

Encore une fois ! Sur le sujet, la polémique stérile n’est pas constructive.

Ah ! Ces sondages de manipulations mentales qui voient « tout » et surtout, le vent souffler sur les scaphandres vides. Comment donner crédit des sondages qui paraissent bien – à se m’y prendre – à une pure manipulation de l’opinion publique ?

Maintenant on nous explique – de par des sondages guidés – que « 43% » des seuls mille à deux mille personnes interrogées souhaitent le départ du Pape. Mais ceux qui publient ce genre de chiffre oublient que sur près de 60 millions d’habitants que compte la population française, plus de 40 % de cette population se déclare chrétienne, soit 24 millions d’âmes.

Alors, expliquez-moi, comment l’avis de 43 % (516 personnes) des 1 200 personnes interrogées pourrait influencer sur les 24 millions (voire plus…) des croyants ou pratiquants qui ont une opinion favorable du Pape ?

Les sondages ! Oui, les sondages ; ceux-là mêmes qui voyaient toujours le duel de la présidentielle de 2002 opposer Chirac à Jospin…, pourquoi n’ont-ils pas vu que M. Jean-Marie Le Pen allait supplanter M. Lionel Jospin ? Et vous nous dites (les sondeurs) que 43 % des Français souhaitent le départ du Pape ?

En janvier 1995, les sondages publiés par l’un de nos grands instituts de sondages n’ont-ils pas laissé entendre « que 59 des Français voient dans le Premier ministre de Mitterrand (Édouard Balladur) le meilleur candidat du peuple de droite pour la présidentielle » ?
Résultat de ce fameux sondage : Chirac – et non Balladur – est devenu en 1995, le Président de la République choisi par le peuple de France qui a succédé à François Mitterrand.

Oui ! Sa Sainteté le Pape Benoît XVI a raison et je le soutiens amplement : l’usage des préservatifs en Afrique dans l’acte sexuel pose un vrai problème de santé publique. Car la morale de cette « histoire » est que, nul homme sur terre, pas plus qu’en Afrique, n’accepte de faire l’amour, dans toute sa vie, avec des capotes. Là est le problème.

Cherchez la solution !

Demander aux gens de faire attention quant à la nature d’entretenir des rapports sexuels n’a rien de choquant. Et pourtant, c’est ce que recommande le Pape : abstinence, loyauté et fidélité pour éviter les contaminations assassines et malencontreuses.

En Afrique pourtant, il existe de nos jours, des populations qui ne connaissent pas la maladie du SIDA. Des études menées par les instituts de renoms dans des nombreux villages de la brousse où vivent des indigènes coupés de la « civilisation » des villes (donc pas de contacts physiques), ont montré que ces populations-là ne sont pas atteintes par le HIV.
Et pourtant, ces populations-là n’utilisent pas des capotes et mènent une vie sexuelle normale saine de loyauté. D’ailleurs, des témoignages recueillis dans nos villages africains démontrent que des filles saines au départ que l’on est allé chercher au village deviennent « séropositives » une fois plongées dans les méandres des ambiances diaboliques et malsaines des grandes mégapoles.

Qu’est-ce qui serait pire pour l’homme, la pratique sexuelle avec des capotes qui capotent à la moindre « secousse… », avec en prime le risque de sortir avec le SIDA, ou la pratique sexuelle normale raisonnable observant les règles de la fidélité ?
Un peu du sérieux nous permettra d’avancer. On a l’impression que l’homme ne se réjouit que de ce qui lui pousse à commettre l’irréparable du domaine de la morale publique.

Si on cherchait à étudier la situation de l’acte d’amour, on pourrait presque dire : le Pape a raison.
Que se passe-t-il, quand le couple, habitué à faire l’amour à l’élastique parce que loyauté affirmée aux discours de la pensée unique des lobbyistes sur le sujet, décide, au petit bonheur la chance, de laisser tomber le masque du « machin » pour une pratique normale et naturelle de l’acte sexuel ? Eh bien ! L’infidèle du couple qui n’a l’orgueil que dans l’art de stratagèmes pour tromper l’AUTRE, reprendra de plus belle, ses vieilles habitudes. Et un jour, il ramènera le SIDA à la maison pour contaminer le partenaire sain qui, de toute sa vie a juré à « l’autre » fidélité et loyauté.

Voilà ! Les histoires du SIDA et des capotes ; histoires des contaminations et des récontaminations, des morales et des immoralités.

L’Afrique ne doit pas devenir la poubelle de la mondialisation…

Au lieu d’entretenir ces polémiques stériles, trouvons des saines réponses qui résolvent le problème de la propagation du Sida en Afrique.

Manuel Ruben N’dongo.
------------------

Fuente: Ruben N´dongo

¡Nota importante!
El contenido de los artículos publicados no refleja necesariamente la opinión de la redacción de guinea-ecuatorial.net
Véase también la declaración sobre el uso de seudónimos