BESOIN D´AFRIQUE, UN PROJET D´ UN OUVRAGE EN DEHORS DES VÉRITABLES BESOINS DU CONTINENT AFRICAIN

Eugenio Nkogo Ondó


Notre cher frère Makhily Gassama nous fournit un compte rendu du long entretien qu´il a eu, le vendredi le 8 juillet, avec l´éditeur Philippe Rey, à Paris, à propos de la publication d´un nouvel ouvrage collectif, L´impérialisme humanitaire à l´assaut de l´Afrique, dont le titre, après une mûre délibération, avait été très bien allumé par le frère Demba Moussa Bembélé, en même temps qu´il lui avait fait parvenir le projet de note conceptuelle en deux feuilles pleines d´idées, que j´avais donné un avis très favorable et je pensais que son épigraphe serait approuvé par tout le monde, étant donné qu´il évoque la situation actuelle de ce continent. Tout au contraire, on constate, d´après notre frère Gassama, que « L´éditeur croit en nous et ne demande qu´à travailler avec nous sur l´Afrique. Ces préoccupations, dans cette coopération, ne sont pas que commerciales: il tien à s´associer à l´oeuvre de ceux qui se soucient de l´avenir de notre continent. Mais le thème proposé rejoindra nécessairement, dans son traitement, les thèmes des deux premiers ouvrages. Or son souci comme le mien est de réaliser une oeuvre complémentaire et non pas une version d´une autre oeuvre quelles que soient les qualités de cette version. ». Il s´agit, si vous vous souvenez, nous dit, de L´Afrique répond à Sarkozy, le premier titre de l´effort collectif paru en février 2008, qui « a fortement accusé l´Occident », mais n´ayant pas réussi à insister « sur les responsabilités de nos élites politique, économique et intellectuelle », ce vide a été bien et définitivement comblé par le deuxième ouvrage, 50 ans après, quelle indépendance pour l´Afrique ?, paru en avril 2010. «Une autre oeuvre sur les responsabilités occidentales dans la destruction de l´Afrique risque de reprendre bien des détails des deux précédentes oeuvres. C´est, peut-être à tort, mon avis aussi. »

Jusqu´ici, on voit d´abord que cette position vient de confirmer mon avis: ayant envisagé la possibilité de trouver des difficultés avec l´associé français, j´avais posé au frère Gassama le problème de la création de notre propre maison d´édition à Paris, il y a plus d´un an. Ensuite, il devient évident que la coopération proposée par l´éditeur n´est que l´expression de sa volonté d´imposer aux Africains les thèmes qu´ils doivent réfléchir sur l´Afrique. Ce qui complique les choses, en considérant cet extrême comme inacceptable.

D´autre part, c´est une coopération basée exclusivement sur des relations commerciales. Voilà une autre forme, très bizarre, de conditionner l´activité intellectuelle des Africains. En ce qui concerne les deux premiers ouvrages, l´éditeur et notre frère Gassamma ont oublié qu´ils ont été écrits à partir des optiques tellement différents et leur relation n´est pas thématique et non plus systématique, mais historique ou circonstancielle, même si leur origine, leur cause, était tout à fait différente, il s´agissait toujours de dévoiler l´essence de la véritable histoire africaine, en chaque époque, en chaque circonstance.

Ainsi le premier, ”L´Afrique répond à Sarkozy”, porte le sous-titre de : ”contre le discours de Dakar”. Le deuxième, 50 ans après, devait se concentrer entièrement sur l´analyse de l´indépendance massive de pays africains depuis 1960... Le troisième titre que nous proposons, ”L´impérialisme humanitaire à l´assaut de l´Afrique”, s´encadre aisément dans cette catégorie historique ou circonstancielle : c´est la réponse logique de la situation qui actuellement menace notre continent. Cependant, notre frère Gassama croit avoir réussi dans cet entreprise, en arrivant à un accord qui semble autant précipité que nuisible, que nous a bien exposé en ces termes: « Durant ce long entretien avec l´éditeur, nous avons essayé de trouver le thème qui pourrait non seulement compléter les thèmes des deux premiers ouvrages (au fait, il s´agit bien désormais d´une collection au sein de cette maison d´édition), mais intéresser le grand public. Nous avons pensé à un ouvrage d´amour, un ouvrage d´espoir, susceptible de lutter contre l´afro-pessimisme en Afrique et dans d´autres parties du monde.»

Par cette voie, nous courons le risque de commettre plusieurs erreurs à la fois :

1. On nous invite à écrire « un ouvrage d´amour » quand, à vrai dire, nous sommes en guerre. Notre cher frère Gassama a été ministre de Culture au régime Sédar Senghor, qui était parmi les meilleurs représentants du néo-colonialisme français en Afrique à l´époque, il est pour moi le témoin oculaire censé expliquer comment le Sénégal, à l´égal d´autres pays francophones, s´est appauvri à cause de l´exploitation et la domination politique, économique et militaire de la France... Depuis 1960 jusqu´aujourd´hui, tous les gouvernements français ont assumé la règle d´or établie par J. Foccart et proclamée officiellement par le général De Gaulle, en 1958. C´est la règle qui exige la soumission aveugle des dirigeants de l´Afrique francophone aux ordres de l´Élysée et de toutes les firmes multinationales françaises éparpillées aux quatre coins de son sol. J´aimerais demander au frère Gassama, pourquoi on nous donnera tort à expliquer aux actuelles et aux futures générations des Africains et Africaines, qui seront beaucoup plus exigeantes envers nous, que, pour y conserver sa domination impérialiste, la France qui a été comme toujours appuyée par tout l´Occident, ayant humilié toute l´Afrique par le moyen de ses laquais de la CEDEAO et de l´UA, ayant manipulé le Conseil de Sécurité de l´ONU, à déclaré et entamé la guerre contre la Côte d´Ivoire et contre la Libye... ¿Pourquoi devons-nous assumer encore la falsification de notre histoire ? ¿Pourquoi redoutons-nous de raconter la vérité ?

2. Écrire « un ouvrage d´espoir » doit mener à commencer par zéro, pour songer à un avenir de l´Afrique en prospérité, il faudra penser à sa libération politique, économique et militaire, ce qu´à l´heure actuelle, semble très difficile, je voudrais dire impossible...

3. Au lieu de lutter contre l´ennemi de la mère Afrique, au lieu de lutter conte le néo-colonialisme qui, d´après l´incomparable philosophe Dr. Kwame Nkurmah, « est plus dangereux que le colonialisme », on nous propose « de lutter contre l´afro-pessimisme en Afrique » et ailleurs, comme s´il s´agissait de jouer à « qui perd, gagne ». Au lieu de tirer à la cible, il faut naturellement tirer à nous-mêmes... Le besoin urgent de l´Afrique, c´est de pousser son se développement guidé par le contrôle de l´exploitation de ses ressources naturelles, en consacrant leurs bénéfices au bienêtre de ses peuples. Elle doit déclarer la guerre sans trêve contre les deux sortes de domination : étrangère et locale qui la détruisent, c´est une question de vie ou de mort pur son avenir. Mes chers frères et amis, je pense qu´il nous devient nécessaire de profiter de l´occasion pour adopter L´impérialisme humanitaire à l´assaut de l´Afrique, en tant que titre originaire de l´ouvrage collectif en question, en totalité ou, du moins, en partie.

Léon, le 19 juillet 2011.


Fuente: Eugenio Nkogo Ondo

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