Par Manuel RUBEN N’DONGO, écrivain franco-africain et Consultant politique.

A moins de quinze jours de la prétendue élection présidentielle, la dictature équato-guinéenne organise d’ores et déjà des stratégies de déstabilisation visant à rendre inoffensif son seul et unique « adversaire » pour cette grotesque compétition à somme nulle.

Dans quelques rares meetings organisés depuis peu dans les quartiers de Malabo ou de Bata par la CPDS (CONVERGENCIA PARA LA DEMOCRACIA SOCIAL DE GUINEA ECUATORIAL), il ne se passe pas un seul jour sans que l’on ne signale des incidents graves : des jeunes excités, drogués, ivres et enrôlés de force dans l’escarcelle du despotisme nguemien par le fils aîné (Teodorin) du dictateur font régner la peur et sèment le désordre.

Monsieur Celestino B. BACALE du CPDS et apocryphe candidat, en décidant de participer à cette fumisterie « d’élection présidentielle » de Guinée-équatoriale, il légitime dans la moindre mesure, la réélection prochaine du dictateur équato-guinéen.
Pourtant, une élection présidentielle dénuée d’une base démocratique ne peut qu’être condamnée par la communauté internationale. De ce point de vue, elle ne doit, sous aucun prétexte, être cautionnée par ceux-là mêmes qui prétendent lutter pour une réelle démocratie.

En se complaisant avec ce régime pour sa participation à cette opération de propagande internationale visant à légitimer une fois de plus un régime despotique, Mr BACALE et les siens sont contradictoires à eux mêmes et se rendent complices du pouvoir absolu des Nguema qui, depuis un quart de siècle, a plongé la Guinée-Équatoriale dans la misère et le sous-développement.

Si, aux yeux de Mr BACALE les bases fondamentales d’un Etat de droit sont pleinement respectées en République de Guinée-Équatoriale, pourquoi choisit-il Madrid comme base pour le financement de sa campagne électorale ? A ma connaissance, Cette « élection présidentielle » aura bien lieu : non pas en Espagne, mais en Guinée-Équatoriale, alors pourquoi donc transformer les quartiers de Madrid en de vastes champs de récolte d’obole pour alimenter les caisses d’une opposition complaisante qui ne sortira jamais vainqueur d’une quelconque élection présidentielle organisée par le régime en place ?

Ce sinistre spectacle que se livrent dans la capitale espagnole, (ancienne puissance colonisatrice) les partis d’opposition équato-guinéens toutes tendances confondues, démontre à quel point l’amateurisme politique hante cette classe des « politiciens » qui, à entendre leurs discours, se donnent pour objectif de conduire un jour, les destinées de leur pays.

Le peuple équato-guinéen, au nom duquel les « leaders des partis politiques se battent » pour lui conférer « un avenir meilleur, » attendra encore longtemps cette hypothétique stabilité. Car les mauvaises habitudes (vengeance stupide et aveugle, tribalisme, arbitraire, félonie, irresponsabilité politique, & le règne de péculat… etc) nées au lendemain des malheureux événements du 05 mars 1969(1) rongent toujours la conscience des politiciens affairistes et ceci compromet dangereusement l’avenir politique, économique et social de la Guinée-Équatoriale.

Une « campagne électorale » où les vrais problèmes qui touchent la société équato-guinéenne ne sont pas réellement abordés par les prétendants au trône ubuesque constitue une pure mystification.
Qui de parmi les candidats à cette farce électorale parle des prisonniers politiques qui croupissent et se font torturer dans les bagnes ?

Qui évoque l’ampleur de l’épidémie du SIDA qui touche là-bas plus de 80 % des femmes dont une bonne moitié des jeunes filles impubères scolarisées contraintes à la prostitution ou à la mendicité sexuelle auprès de la clique au pouvoir pour subvenir à leurs études ?

Qui se soucie du sort des Equato-guinéens exilés à travers le monde dont une majorité constitue une élite susceptible d’œuvrer pour sortir leur pays du sous-développement ? Où sont les projets de redressement économique du pays ? Quelles relations économiques envisagent-ils avec l’Espagne, les USA, la France, L’Union Européenne ou la Banque mondiale ? Quels plans & projets pour réduire l’endettement du pays ? Comment envisagent-ils de gérer l’exploitation des ressources pétrolières & minières ? Pour quelles institutions démocratiques futures ? Quelles alternances ? Quel pouvoir judiciaire et législatif ? Que préconisent-ils pour lutter efficacement contre la pauvreté et le sous-développement ?

De l’éternel candidat officiel du régime en place en passant par les candidats de « l’opposition » légitimée par la sanglante dictature, c’est le silence total !!

Leurs déclarations sommaires entendues ici ou là ne concernent que des sujets qui prêtent à se marrer d’effroi : discours creux et complètement vides de sens, menaces et attaques stériles à l’égard des uns et des autres… Bref, la cuisine politique électorale équato-guinéenne n’en est qu’à ses débuts. Le pire reste à venir.

Le vide d’un plan de redressement économique des prétendants à la kermesse du 15 décembre prochain est un désaveu. Cela prouve leur manque de maturité et d’envergure politique pour proposer un vrai projet de société pour la Guinée-Équatoriale du XXIème siècle.

A ce propos, je voudrais attirer l’attention de la communauté internationale sur le danger que constituerait sa reconnaissance d’une prétendue « réélection » d’un dictateur qui, en un quart de siècle de règne sans partage, a fait assassiner injustement plus de 50 000 personnes.

Je voudrais également lancer un appel au peuple équato-guinéen d’organiser une action civique de désobéissance sur tout le territoire national.

En vous absentant massivement le 15 décembre prochain, non seulement vous direz non au despote déguisé pour une énième fois en candidat officiel du PDGE, mais également, vous désavouerez les partis satellites qui ont présenté complaisamment leurs candidats.

Les vrais candidats qui auraient pu battre démocratiquement le candidat du PDGE ont été exclu de facto : soit parce qu’ils sont incarcérés injustement, soit à cause de cette loi arbitraire introduite dans la constitution dictatoriale par Mr Teodoro Obiang Nguema et qui interdit aux Equato-guinéens exilés depuis plusieurs années d’y participer.

En conclusion, je voudrais terminer ma réflexion en posant cette question à Mr Teodoro Obiang Nguema : Si l’élection présidentielle que vous avez décidée d’organiser par anticipation revêt un caractère véritablement démocratique, pourquoi exclure alors du jeu politique équato-guinéen celles et ceux qui ont une vision différente de la vôtre ? Ne pensez-vous pas que le temps est venu de réconcilier tous les fils de la Guinée-Équatoriale ? Quelle est votre vision pour ce pays écrasé depuis des décennies par les maladies et le spectre de la misère ? La Guinée-Équatoriale se limite-t-elle à Mongomo ou Akouacam ? Que faites-vous des autres ethnies qui composent la société équato-guinéenne ?

Les Bubis, les Annobonais, les Bengas, les Ndowés, les Créoles, les Pygmées et les Bujebas, au lieu de les considérer toujours comme étant d’éternels être inférieurs par rapport aux Fang, ne pensez-vous pas qu’il est temps de changer leur statut social & politique pour plus d’équité et de progrès matériel ?

Vos très proches : Félix Mba Ntchama, Santiago Eneme Ovono, Bonifacio Nguema Essono, Maria-Soledad OBONO-MBA… etc que vous avez injustement bannis, ne pensez-vous pas qu’il serait temps de laver votre linge sale en famille pour plus de fraternité entre tous les fils de la Guinée-Équatoriale ?

Enfin, vous ne devez surtout pas oublier qu’avant vous, il y a déjà eu :

1-) Monsieur Bonifacio ONDO-EDU, Ex-Président du Conseil du Gouvernement Autonome de Guinée-Équatoriale (1964-1968) G.A.G.E.
2-) Monsieur Francisco Macías Nguema, premier Président de la République de Guinée-Équatoriale (1968-1979).

Et demain, avez-vous déjà pensé de quoi sera fait le futur de la Guinée-Équatoriale après Teodoro Obiang Nguema ? Savez-vous que les peuples qui ont été longtemps victimes de l’oppression sont ceux-là mêmes qui réussissent les plus grandes révolutions ? Soyez lucide Monsieur le Président !! Libérez le peuple équato-guinéen de l’arbitraire. Oeuvrez pour une véritable démocratie pluraliste dans ce pays. Libérez tous les détenus politiques !! Accordez l’amnistie générale à tous les exilés politiques. Palabrez et libérez la parole en vue de favoriser toutes les créations : éducative & culturelle, artistique, industrielle, scientifique… Faites en sorte qu’à jamais le peuple équato-guinéen ne soit plus victime de l’oppression, du népotisme, du tribalisme et du régionalisme.

Monsieur Teodoro Obiang Nguema, sachez qu’il y a des moments dans la vie d’un homme ou d’une femme où, la sagesse doit l’emporter sur le cynisme !!
Seul un acte de courage politique fort pourra permettre au peuple de Guinée-Équatoriale de pardonner (peut-être !) le terrible génocide que vous avez commis à l’égard de ses filles et fils.

A vous de savoir saisir cette chance !!


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Manuel RUBEN N’DONGO est aussi l’auteur de deux ouvrages :
1-) Regard sur l’Immigration Africaine en Europe (Éditions des Écrivains Paris 1999-2000) France
2-) L’Afrique Sud-Saharienne du XXIème Siècle (Éditions l’Harmattan Paris 1997) France
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Préface de M. Bernard Stasi, ancien Ministre, Médiateur de la République


Contacts E-mail : lebaron12demirepoix@hotmail.com

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(1) Le 05 mars 1969, tentative de coup d’Etat orchestrée par Mr Atanasio Ndongo Miyone, ex-Ministre des Affaires Etrangères du premier gouvernement de la Guinée-Équatoriale indépendante.




Fuente: Melle Marie-Caroline DE MIREPOIX - FRRAGE - PARIS

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